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Tristan Rain
( France )

Peinture; Photographie


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Tristan Rain

Un Expressionnisme stérilisé

Tristan Rain, né en 1972, artiste suisse, peintre et photographe, travaille à Paris et à Berlin.
Il s'agit dans son œuvre d'un travail sur des questions de la perception incomplète de l'homme, de fragmentations, d'interstices, de partis non-visibles ou absents, d'une image décadré et incomplète. Le conflit entre l'espace et la planéité, le mat et le brillant, le visible et le non-visible, le reflet et la transparence jouent un rôle dominant dans ces œuvres. C'est un travail sur le doute du spectateur entre la figure humaine et la matière picturale abstraite et autonome. On peux parler d'un «expressionnisme stérilisé» par une recherche créative résolument actuelle.

Approches
CONCEPTE. Je travaille en forme de séries de peintures et d'œuvres photographiques qui sont souvent composées en plusieurs éléments (diptyques, triptyques ou polyptyques en sept parties). La composition en plusieurs éléments est saisissante par sa complexité et le travail sur plusieurs extraits d'une vision avec des interstices résume bien, autant que forme, un aspect conceptuel essentiel de mon travail : Ce sont des extraits d'une composition qui dépasse le support traditionnel de l'œuvre d'art.
La tension et le contraste entre le regard sur l'homme contemporain et des surfaces et des structures autonomes (=abstraites) m'intéresse particulièrement. Les figures humaines sont incomplets, décadrés, cachés, à la limite du non-perceptible, souvent coupées par le bord du tableau... le sujet n'est plus au centre comme c'était le cas dans la tradition.
CONTENU. Je m'efforce à développer, depuis une quinzaine d'années, une image rigoureuse et contemporaine de l'être humain d'aujourd'hui, dans son contexte très urbain, bétonné, métallique, stérile, froide et angulaire. Une image de notre époque qui se distique des images attrayantes et complaisantes à la mode d'un certain marché de l'art.
INFLUENCES. J'absorbe tout ce qui se passe autour de moi dans le contexte de vie choisi, la ville; l'urbanisme, la société, les événements politiques, la musique, les arts, les sciences, la beauté, chaque observation et chaque expérience entrent à un certain moment dans mon travail. Ceci ne se contrôle pas vraiment et souvent je ne m'en rends compte que beaucoup plus tard. Évidemment, il y a aussi des influences "classiques" directes. Je suis marqué par l'expressionnisme allemand, par les expressionnistes abstraits d'après-guerre, des artistes conceptuels depuis des années 60, des plans archéologiques, des réflexions sur l'esthétique, sur le montage dans le cinéma et par des œuvres du cinéma d'auteur et expérimental.
COULEURS. Je cherche depuis 1993 une épuration et une concentration, qui ont mené finalement à l'utilisation d'une gamme de plus en plus limitée de couleurs : des bleus, des noirs, des gris, des verts et des blancs. L'effet immédiat de la couleur bleue sur l'œil correspond à mon désir d'atteindre les sentiments avant l'intellect et donc l'interprétation. Le spectateur n'est pas attiré par l'œuvre comme par une publicité, il a besoin de temps, ce sont des images «ralenties» dans un monde de consommation rapide. Ces peintures ne voudraient donc pas attirer l'attention du spectateur, mais lui devenir accessible progressivement par la contemplation, dévoiler leurs richesses dans la durée.
STYLE. Au lieu de varier des emprunts à de maîtres (et donc de s'assurer un succès certain), il me semble depuis toujours plus essentiel de trouver et extraire ce qui est en soi. De développer les moyens et techniques nécessaires à son exécution, arriver à la maitrise, arriver à un univers visuel personnel et de l'imposer. Je crois que l'on travaille toute sa vie sur une "seule image" (si on a quelque chose à dire!). Cette image intérieure intime et unique s'exprime dans chacune des œuvres du créateur, c'est-à-dire que l'œuvre est tout entier contenu dans chacun des ses éléments. Chaque peinture de mes séries se fait par rapport aux autres, mais finit par être une œuvre complètement indépendante. Chacune d'entre elles porte "l'idée" en soi, ce ne sont que les points de vue et les perspectives et les approches conceptionnels qui sont différents. Cela explique, me semble-t-il, qu'il soit possible de travailler avec des techniques différentes, ou même de changer de médium ou de langage. Je suis moi-même passé du dessin à la musique et de la musique à la peinture, via l'architecture et la sculpture. De tels biais me semblent tout à fait naturels et fertiles. Quand je passe de la peinture très matérielle à des créations photographiques de pixels et de transparences numériques, je fais le même travail, je traite les mêmes sujets et j'approfondis les mêmes recherches, ce sont juste les propriétés techniques qui sont différentes et offrent des possibilités, limites et avantages différentes. Et j'adore explorer ces limites.

Tristan Rain, Paris, mars 2009


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